C’est ce qui découle du dernier sondage signé Magazine Renaissance Africaine qui affirme que l’une des difficultés pour l’analyste du champ politique africain est de mesurer la popularité réelle des dirigeants auprès de leurs concitoyens. Une batterie d’indicateurs performatifs existent déjà, notamment des indices de bonne gouvernance ou de performance économique.
D’ores et déjà, l’équipe du magazine de la Renaissance Africaine, sous la conduite de son Directeur Général Freddy Mulumba Kabuayi, déclare avoir mené une classification de chefs d’Etat à qui il faut dire ‘’dégage’’, sorte de classement de mauvais élèves africains, en retenant comme principal critère ‘’la longévité anormale’’ ou ‘’l’autoritarisme confirmé ou supposé des dirigeants africains’’.
Dans ce contexte, on ne peut que saluer ce sondage d’opinion africaine, qui a mené depuis quelques mois une enquête dans quelques pays africains sur la question : « Approuvez-vous ou désapprouvez-vous la performance gouvernementale de votre président ? »
Les résultats de cette enquête ont été récemment rendus publics et surprennent, avec un taux de satisfaction moins élevé. Cependant, Félix Tshisekedi est en tête du classement et bénéficie d’un taux de satisfaction de son action de plus de 50%.
Le magazine de la Renaissance Africaine explique ces résultats par le contexte favorable de l’année 2021 en République démocratique du Congo et à l’Union Africaine, qui se caractérise par le retour de la croissance économique (+5% en moyenne) et par une amélioration relative des relations bilatérales par rapport aux années précédentes.
Face à ces résultats, le premier réflexe est de questionner la méthodologie et donc la « scientificité » de ce sondage. Ce Magazine panafricain précise que son questionnaire a été soumis aux personnes âgées, et plus, dans chacun des pays.
Les entretiens ont été réalisés de face à face, parfois dans des langues locales pour être sûr de toucher un panel représentatif de la région. Le DG du Magazine Renaissance Africaine Freddy Mulumba Kabuayi reconnaît toutefois n’avoir pas pu accéder à certaines régions pour des questions de contrainte, ce qui réduit la représentativité des opinions collectées, d’autant plus qu’on peut supposer que les zones avec des problèmes sécuritaires ont une moins bonne opinion du pouvoir central. Il estime la marge d’erreur de ses sondages entre 3,3 et 4,3%.
Le haut niveau de popularité des chefs d’Etat africains est sans doute également un révélateur du rapport différent à l’autorité, une posture plus critique étant adoptée en Occident, de nombreux citoyens africains témoignant peut-être plus de respect vis-à-vis des détenteurs du pouvoir de l’Etat.
Ce sondage est aussi le reflet d’une société civile suffisamment critique vis-à-vis de ses dirigeants. Mais Félix Tshisekedi n’est pas le premier nom qui vient en tête lorsque l’on souhaite évoquer les dirigeants qui font avancer l’Afrique. La situation de la RDC est loin d’être rose. Mais quoi qu’on pense du personnage, la gouvernance de l’actuel chef de l’État représente une certaine forme de stabilité dans l’histoire récente du pays. Le président congolais symbolise aussi une nouvelle forme de leadership : jeune, sportif, proche des gens, à l’écoute du peuple, remarquable politicien de terrain, il joue d’une certaine forme de populisme qui trouve incontestablement un écho favorable dans l’opinion de la RDC.
Comparé au feu président Kadhafi de la Lybie, l’homme est plus proximatif vis-à-vis de son peuple. La démocratie est sur une bonne voie dans son pays depuis son élection avec le retour des exilés politiques, suppression des cachots clandestins, liberté d’expression et de manifestations, ainsi que la fin de la triste histoire meurtrière de fausse commune.
En sa qualité du président de l’Union Africaine, Félix Tshisekedi est quasiment sur la voie de la paix et de la réconciliation des pays africains afin de parvenir à leur développement.
On notera l’absence, dans ce sondage, de plusieurs autres leaders de la région des grands lacs notamment Paul Kagame. Il aurait été intéressant d’avoir un indicateur de la popularité réelle sur eux. Un signe que les sondages ne font pas encore la pluie et le beau temps des espaces politiques africains.
Badinews