Dans sa réplique aux préoccupations soulevées par les élus du peuple lors de la présentation du projet de loi de finances de l’exercice 2022 à l’Assemblée nationale, il y a de cela 48 heures, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a regroupé l’ensemble de propos de 70 députés nationaux qui ont pris la parole en chapitres.
De prime abord, il reconnait que le Gouvernement est conscient du faible niveau du Budget longtemps décrié, et s’est engagé, dans un horizon de trois ans, à mobiliser les recettes de l’État à environ 36,5 milliards de dollars américains, soit une moyenne annuelle de 12 milliards.
« Je voudrais, à ce sujet, rassurer les Honorables Députés que votre Gouvernement vient ici soumettre à votre examen un projet de Budget estimé à 10 milliards de dollars américains, pour le compte du Pouvoir central, et s’attend à y ajouter 2 milliards de plus, pour le compte des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées, lesquelles mettent également en œuvre le Programme du Gouvernement, et ce, conformément à l’article 12 de la Loi sur les Finances Publiques », a-t-il dit, invitant l’Assemblée, ainsi que l’ensemble des Congolais à avoir foi en l’avenir.
Défense et sécurité
Abordant les préoccupations liées à la Sécurité et à l’ordre public, singulièrement concernant les conditions sociales des FARDC et de la Police nationale ainsi que les questions relatives à l’état de siège, le Chef du Gouvernement n’est pas allé par le dos de la cuillère.
« L’état de siège est l’une des premières décisions politiques majeures qui a été prise par le Président de la République après l’investiture de votre Gouvernement. L’objectif premier de cette mesure constitutionnelle est de ramener la paix dans cette partie du pays qui ploie, depuis une vingtaine d’années, sous le joug de divers malheurs », a-t-il rappelé, soulignant que « par rapport à l’exercice 2021, les secteurs de la Défense Nationale et de la Sécurité connaissent respectivement des accroissements des crédits de l’ordre de 22,62% et 32,47%. La défense tout particulièrement, constitue le troisième poste de dépenses après respectivement l’éducation et la santé ».
Réduction du train de vie
S’agissant de la problématique de la réduction du train de vie des institutions, qui a été liée à l’amélioration des conditions de vie de certaines catégories sociales dont les Forces armées, les enseignants et autres fonctionnaires de l’État, le Premier ministre se veut rassurant.
« Laissez-moi vous rassurer que, suivant les orientations de Son Excellence Monsieur le Président de la République, votre Gouvernement avait d’ores et déjà levé cette option », a-t-il ajouté, réaffirmant la détermination du Gouvernement à tout mettre en œuvre, afin d’améliorer les conditions de vie de toutes les catégories sociales des Congolais, en ce compris les vaillants policiers et militaires.
Gratuité de l’enseignement de base
Abordant particulièrement la problématique de la gratuité du niveau primaire, il a révélé qu’aujourd’hui, plus de 4 millions d’enfants autrefois non scolarisés, dont 40% de jeunes filles, ont rejoint le banc de l’école. Mais la mise en œuvre de cette mesure pose de multiples défis, notamment la prise en charge des enseignants, l’amélioration de la qualité de l’enseignement, la construction de nouvelles infrastructures scolaires. « Le Gouvernement entend tout mettre en œuvre afin de relever ce défi. Tout compte fait, ce choix est irrévocable », a-t-il insisté, les prévisions budgétaires pour le secteur de l’Éducation connaissant un accroissement de 9,16% par rapport à 2021.
Santé
Pour ce qui est de la Couverture sanitaire universelle, « l’ambition du Gouvernement est de mettre en place un cadre réglementaire cohérent et mobiliser des ressources pour sa mise en œuvre, dans le souci d’assurer une meilleure prise en charge médicale des Congolais », a souligné le Premier Ministre Sama Lukonde Kyenge. Pour la COVID-19 singulièrement, « le Gouvernement, sous le leadership du Président de la République, s’est engagé, depuis la survenance du premier cas en mars 2020, à assurer la prise en charge des personnes touchées. Nous faisons du respect des mesures barrières et de la vaccination les piliers principaux de notre stratégie de riposte », a-t-il renchéri, promettant que le Gouvernement poursuit sa politique de construction et de réhabilitation des structures de santé ainsi que l’amélioration des conditions de vie du personnel soignant, médecins et non-médecins.
Investissements et des secteurs productifs
S’agissant des investissements et des secteurs productifs, notamment l’agriculture, la pèche et l’élevage, le projet de Loi de finances 2022 prévoit un accroissement de la part des investissements sur ressources propres de 21,5% contre 11% pour l’exercice 2021, avec la mise en œuvre du plan directeur de l’industrialisation du pays, le projet d’appui à la promotion des filières du manioc et du maïs ainsi que l’acquisition des engins et des intrants agricoles.
Dans la même optique, le programme de développement local de 145 territoires est, comme chacun le sait, une initiative de Son Excellence Monsieur le Président de la République, visant à accélérer l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, à assurer une redistribution équitable des richesses nationales et à booster le développement à la base, à travers le développement des infrastructures rurales, des chaînes de valeurs agricoles, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base ainsi que la construction des écoles, des centres de santé, des bureaux administratifs et des bâtiments pour les tribunaux de paix. Investir dans les territoires, c’est aussi une manière de contenir l’exode rural.
Décentralisation
S’agissant des préoccupations liées à la décentralisation budgétaire, l’application des dispositions légales prévues à ce sujet est butée à la contrainte de l’immensité du territoire national ainsi qu’à celle de la faiblesse des infrastructures de base permettant de rapprocher les centres de décision de la base. En ce qui concerne la Caisse Nationale de Péréquation, les textes portant organisation et fonctionnement de cette structure ainsi que la nomination de ses animateurs sont effectifs. Les modalités pratiques de la gestion financière et des projets, visant à équilibrer le développement des Provinces et des ETD, restent cependant à consolider.
Pour ce qui concerne les transferts de 40% des recettes à caractère national au profit des ETD, il a tenu à rassurer les députés que, depuis son investiture, le Gouvernement s’est évertué à transférer des crédits, au titre de fonctionnement et d’investissement, aux Provinces, pour le compte des Assemblées Provinciales, des Gouvernements Provinciaux et des ETD. Il revient à ces Provinces de transférer, à leur tour, la quote-part réservée aux ETD.
Parlant des préoccupations liées au processus électoral, a promis, comme mentionné dans son discours de présentation, et conformément aux orientations du Président de la République, que les délais constitutionnels seront respectés.
Recensement et élections
Et à ce propos, le Gouvernement a déjà mis de côté 200 milliards de Francs Congolais sur des prévisions initiales de 90 milliards pour l’exercice 2021. Et pour l’exercice 2022, alignant 500 milliards pour nous permettre de couvrir les charges liées au processus électoral. « Nous attendons du bureau qui a été récemment installé un plan concret qui nous permettra de démarrer les premières opérations électorales », a-t-il martelé, annonçant avoir fait de la question du recensement une question cruciale au regard de l’importance qu’elle revêt. Les opérations de recensement permettront d’avoir des statistiques claires permettant de déployer notre plan de développement d’une part et d’autre part d’ôter les Congolais d’une carte d’identité.
« Je tiens à préciser que l’organisation des élections n’est en rien tenue par le résultat du recensement », a-t-il terminé.
Badinews