La cité de Pweto, dans le Haut-Katanga, abrite, depuis ce vendredi 20 août 2021, les assises de la Commission technique mixte RDC-Zambie, chargée de la démarcation de la frontière terrestre sur plus ou moins 205 km comprise entre les lacs Tanganyika et Moero.
Initialement prévus pour le lundi dernier, mais reportés à cause des élections chez le voisin, ces travaux sont la conséquence de la volonté politique de deux chefs d’Etat Edgar Lungu de la Zambie et Félix Tshisekedi de la RDC, soucieux de renforcer le climat de paix et de sécurité dans la région. Ils ont décidé de mettre en œuvre la recommandation du Programme Frontière de l’Union africaine qui veut que les Africains puissent achever la délimitation et la démarcation de leurs frontières d’ici l’an 2022.
La délégation zambienne est conduite par Joseph Minango, arpenteur général de la Commission zambienne des frontières. Ce dernier a fait savoir à l’assistance composée des techniciens de ces deux pays que l’objectif primordial de cette opération est de faciliter la coexistence pacifique des populations vivant le long de ces frontières communes.
« C’est également une activité qui va faciliter les commerces frontaliers et les relations cordiales entre nos deux peuples. La démarcation ne sera pas menée pour ériger une barrière entre nos deux pays, mais plutôt un pont entre la RDC et la Zambie… », a-t-il souligné.
Pour sa part, le professeur Célestin Nguya-Ndila, secrétaire permanent de la Commission permanente des frontières (CPF) de la RDC a rappelé qu’au cours de cette réunion, sera adopté le programme général de démarcation en ses trois séquences, à savoir la sensibilisation, la topographie et la cartographie.
« En vue de parfaire les échanges sur le tracé de la ligne de crête et sur d’autres aspects techniques relatifs à la construction des bornes, nous laisserons les techniciens faire ce travail qui sera présenté aux deux co-présidents pour validation avant la descente sur terrain », a-t-il martelé.
D’ores et déjà, il a souligné que la frontière adoptée est celle fondée sur le principe de compensation réciproque et de répartition équitable des étendues situées par rapport à la ligne médiane des prétentions des ex-puissances coloniales respectives.
Rappelons que la frontière entre ces deux pays est le résultat du Traité signé le 12 mai 1894 entre la Grande Bretagne et Sa Majesté le Roi des Belges, Léopold II. Cependant, plusieurs difficultés surgirent dans la démarcation de cette partie de frontière du fait que les ex puissances coloniales n’ont pas pu se mettre d’accord sur l’interprétation de l’article 1 alinéa B du traité, plus particulièrement sur le tronçon lac Moero-lac Tanganyika.
En vue d’éviter toute escalade de conflits, les deux nouveaux États, le Zaïre et la Zambie, ont décidé de régler cette question par la négociation et le dialogue. C’est ainsi que fut mise sur pied, le 29 août 1982, la Commission Spéciale Mixte d’Experts chargée de la démarcation de la frontière commune avec pour mandat d’interpréter le Traité du 12 mai 1894 au bénéfice des deux pays ; étudier la ligne de démarcation partout où il est indispensable et faire, au préalable, des propositions à soumettre aux deux gouvernements ; et enfin procéder à la démarcation de la frontière. Le Professeur Célestin Nguya-Ndila Malengana et l’ambassadeur Mumba S. Kapumpa ont eu le privilège d’être témoins oculaires de la signature, en 1989, du Traité levant les divergences frontalières entre la RDC et la Zambie, par les anciens présidents Mobutu Sese Seko et Kenneth Kaunda.
Badinews