La province du Sud-Kivu est comme le lac Kivu dont les eaux sont dormeuses tout en cachant plusieurs mystères. Cette leçon vaut pour le Vice-Premier ministre (VPM) Daniel Aselo Okito, à la tête d’une délégation gouvernementale chargée de scruter les réalités du coin, après l’incursion des assaillants jusqu’ici non identifiés, dans la nuit du 2 au 3 novembre. Ceux-ci, présentés à la presse, à visage découvert par le Gouverneur, étant appelés ‘’jeunes gens du quartier’’, auraient été ramassés pour tromper la vigilance sur mot d’ordre de l’exécutif provincial de ‘’sortir vaquer chacun librement à ses occupations’’, alors que l’autorité militaire leur avait demandé de rester chacun chez soi.
A entendre le Président de la société civile du Sud-Kivu, Adrien Zawadi dont le son circule, la déclaration du VPM repose certainement sur des motivations qui laissent à désirer.
« Nous avons dit que la population du Sud-Kivu n’est pas prête pour l’état de siège au Sud-Kivu. Nous l’avons dit avec beaucoup de force, beaucoup d’insistance à son Excellence Monsieur le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur qui nous a rassurés qu’il n’est pas question d’un état de siège au Sud-Kivu parce qu’il faut d’abord qu’il puisse se rassurer des résultats escomptés en Ituri et au Nord-Kivu. Donc il ne sera pas question d’un état de siège au Sud-Kivu », a-t-il révélé à la presse.
Le VPM aurait-il joué à l’usurpation ou c’est simplement une stratégie politique pour un membre du gouvernement dont le rapport est attendu à Kinshasa, sachant que la décision de décréter un état de siège relève exclusivement du Président de la République, après consultation des Présidents des deux chambres parlementaires ?
En outre, d’aucuns pensent que la vraie société civile n’existe pas au Sud-Kivu. En plus, personne ne sait quand est-ce que celle-ci a consulté la population. Elle est à la solde des gouvernants, majoritairement du Front commun pour le Congo (FCC), qui préfèrent l’omerta pour maintenir le statu quo, contrairement à la vision du Chef de l’Etat qui veut pacifier la zone. Il n’est pas exclu que certains recourent même à la corruption des membres de cette délégation afin de biaiser le rapport tant attendu, à défaut de l’écraser comme il en est de celui de Mwenga. Déjà, leurs médias relayent des infos dans ce sens, alors que la situation dans toute la région demeure préoccupante et incertaine, des messages de sensibilisation à plus de précautions en disent long.
L’état de siège, cette mesure visiblement impopulaire et onéreuse, est pourtant salvatrice dans cette province, premier asile sûr pour tous les trouble-fêtes en débandade au Nord-Kivu et en Ituri. De même, le changement de la structure dirigeante actuelle au Sud-Kivu, au profit d’une autre 100% proche de la vraie famille politique du Président Tshisekedi, aura coupé l’herbe au pied des tireurs de ficelles et autres pêcheurs en eaux troubles, qui retrouvent constamment leur compte dans ce business d’incursions et guerres à répétition dans le grand Kivu. Entretemps, les élections, c’est demain.
Badinews