La délégation gouvernementale vient de clôturer sa mission au Sud-Kivu, après l’audience lui accordée par l’archevêque de Bukavu, Mgr François Xavier Maroy. Sur place, l’on signale curieusement un satisfecit à sabrer le champagne dans tous les salons huppés de la ville. Plusieurs personnalités rencontrées par cette délégation ont affirmé avoir convaincu le VPM Daniel Aselo de l’Intérieur de ne pas envisager un seul instant dans son rapport, la possibilité de décréter l’état de siège dans cette province, alors que maints observateurs voient en celui-ci la solution, l’unique dans ce coin de la République où un semi régime est déjà décrété, sans le dire, au moyen d’un couvre-feu dès 20 heures chaque soir.
« On a analysé ensemble tout ce que les autres ont donné comme idées globales. Mais la plus sensible c’était cette question d’état de siège. Et c’était pour nous rassurer que le projet d’état de siège ici au Sud-Kivu n’a jamais été à l’ordre du jour. Donc tenons-nous tranquilles et cherchons comment stabiliser notre peuple en lui évitant tous ces tâtonnements … heureusement que le ministre lui-même a dit que ça n’a jamais été objet de discussions au niveau du gouvernement », résume l’archevêque Maroy, visiblement heureux, sans dire comment il compte sensibiliser ladite population dont les groupes armés à dissuader par la force.
En outre, la question est celle de savoir pourquoi plusieurs dignitaires aussi bien à l’exécutif provincial, le législatif, la société civile, le monde des affaires et même les princes de l’église catholique romaine se frottent les mains, tous contre l’état de siège, d’une part ; et d’autre part le petit peuple, non consulté d’ailleurs, émettant ardemment le vœu de voir la province sous état de siège ? Anguille sous roche, le point de vue de ces dignitaires chauves-souris de l’Union sacrée est aussi celui de leurs pairs de Kinshasa et d’ailleurs, et même des expatriés, qui jouissent sans répit du richissime sous-sol sud-kivutien,… ces lobbying sont de mèche dans un enfer pavé de bonnes intentions, pense-t-on.
Mais au profit du doute, que le Vice-premier ministre Aselo et sa délégation aient affirmé que la question n’a jamais été à l’ordre du jour au Gouvernement, ne veut pas dire qu’elle n’y sera jamais inscrite. Bukavu (Sud-Kivu) compte plus de groupes armés que Goma (Nord-Kivu), selon les statistiques. Du haut plateau au moyen plateau, tous ses huit (8) territoires sont infectés. C’est un secret de Polichinelle, point d’en douter !
Donc, le rapport de la délégation gouvernementale au Sud-Kivu est à examiner face à cette vérité et surtout à la réalité sur terrain, séparant le blé de l’ivraie, au profit de la République. Le ver est dans le fruit. L’encrage est de longue date. La question est de haute portée politique dont le Président Félix Tshisekedi est (le seul) comptable aux yeux de la population et du monde. Heureusement qu’il jouit d’un pouvoir discrétionnaire dans un état de droit ! La paix dans l’Est est utopique sans état de siège au Sud-Kivu.
Badinews